En cause le désintérêt croissant des chaînes de télévision. Là où elles contribuaient encore à plus de 35 % du budget moyen d'un long métrage en 2017, elles n'en financent plus que 25 % en 2019.
La France produit toujours plus de films mais ils sont de moins en moins bien financés alors que le nombre moyen d'entrées en salle diminue.
Les obligations d'investissement de Canal+ dans le 7ème art sont liées à son chiffre d'affaires. Comme ce dernier est en baisse, le principal banquier du cinéma finance moins les films.
On va finir par regretter le temps des gros messieurs à cigare qui misaient ce qui leur restait de fortune à la roulette pour payer l'équipe à la fin de la semaine, il y avait de la passion, de la folie.
Notre cinéma est devenu pépère, il ressemble de plus en plus à de la télévision car les cinéastes ont pris l'habitude de faire des films destinés au petit écran. Du coup, les mandats de ventes internationales des films et des distributeurs ont fondu.
Imagine-t-on un mouvement des gilets jaunes à Paris après l'annonce du renvoi du directeur de la cinémathèque ? Mai 68 se déroulait en 24 images par seconde, 2019 le fut en 25 images par seconde car les événements qui s'y sont déroulés ont besoin des chaînes d’information en continu.
Quel acteur révolté dans l'âme pourrait lire des discours enflammés devant des banderoles réclamant la démission du ministre de la culture dont tout le monde ignore le nom ? De là-haut, Malraux rigole.
Pour pouvoir survivre le cinéma doit toujours allier deux pôles contradictoires : l'économie et l'artistique. Un mariage d'art et d'argent que Hollywood maîtrise si bien.
Sur les Champs Élysées, les passants ne croisent plus un acteur. La profession a déserté le Fouquet's, sauf pour la cérémonie des César.
Les touristes ignorent que Jean Seberg y distribuait jadis le New York Herald Tribune en T-shirt blanc moulant.
Il est préférable d'avoir la mémoire heureuse car, dans un monde parfait, on ne se souviendrait que des bons films.
Jusque-là le cinéma a dû s'adapter à des moyens différents de financement, de technique, de public. À chaque fois on a annoncé sa mort. Il faut être vigilant mais se méfier des Cassandre. Pourra-t-il continuer à vivre sans prendre en compte les mutations du monde qui l'entoure, à commencer par l'irruption des plates-formes ? Tel est l'enjeu qui nous attend dans ces prochains mois.
Cette fin d'année qui fut mouvementée me remémore l'expression inventée en 1968 par le poète Pierre Béarn : « Métro, boulot, dodo ». Métro à l'arrêt, boulot en voie de disparition, reste le dodo !
Je vous souhaite une belle année 2020 et, pour ma part, j'ai décidé en cette nouvelle année d'être sérieux comme le plaisir.
M. D.
« Au déboulé garçon pointe ton numéro
Pour gagner ainsi le salaire
D'un morne jour utilitaire
Métro, boulot, bistro, mégots, dodo, zéro »
Pierre Béarn, Couleurs d'usine, Poésie 1951
La France produit toujours plus de films mais ils sont de moins en moins bien financés alors que le nombre moyen d'entrées en salle diminue.
Les obligations d'investissement de Canal+ dans le 7ème art sont liées à son chiffre d'affaires. Comme ce dernier est en baisse, le principal banquier du cinéma finance moins les films.
On va finir par regretter le temps des gros messieurs à cigare qui misaient ce qui leur restait de fortune à la roulette pour payer l'équipe à la fin de la semaine, il y avait de la passion, de la folie.
Notre cinéma est devenu pépère, il ressemble de plus en plus à de la télévision car les cinéastes ont pris l'habitude de faire des films destinés au petit écran. Du coup, les mandats de ventes internationales des films et des distributeurs ont fondu.
Imagine-t-on un mouvement des gilets jaunes à Paris après l'annonce du renvoi du directeur de la cinémathèque ? Mai 68 se déroulait en 24 images par seconde, 2019 le fut en 25 images par seconde car les événements qui s'y sont déroulés ont besoin des chaînes d’information en continu.
Quel acteur révolté dans l'âme pourrait lire des discours enflammés devant des banderoles réclamant la démission du ministre de la culture dont tout le monde ignore le nom ? De là-haut, Malraux rigole.
Pour pouvoir survivre le cinéma doit toujours allier deux pôles contradictoires : l'économie et l'artistique. Un mariage d'art et d'argent que Hollywood maîtrise si bien.
Sur les Champs Élysées, les passants ne croisent plus un acteur. La profession a déserté le Fouquet's, sauf pour la cérémonie des César.
Les touristes ignorent que Jean Seberg y distribuait jadis le New York Herald Tribune en T-shirt blanc moulant.
Il est préférable d'avoir la mémoire heureuse car, dans un monde parfait, on ne se souviendrait que des bons films.
Jusque-là le cinéma a dû s'adapter à des moyens différents de financement, de technique, de public. À chaque fois on a annoncé sa mort. Il faut être vigilant mais se méfier des Cassandre. Pourra-t-il continuer à vivre sans prendre en compte les mutations du monde qui l'entoure, à commencer par l'irruption des plates-formes ? Tel est l'enjeu qui nous attend dans ces prochains mois.
Cette fin d'année qui fut mouvementée me remémore l'expression inventée en 1968 par le poète Pierre Béarn : « Métro, boulot, dodo ». Métro à l'arrêt, boulot en voie de disparition, reste le dodo !
Je vous souhaite une belle année 2020 et, pour ma part, j'ai décidé en cette nouvelle année d'être sérieux comme le plaisir.
M. D.
« Au déboulé garçon pointe ton numéro
Pour gagner ainsi le salaire
D'un morne jour utilitaire
Métro, boulot, bistro, mégots, dodo, zéro »
Pierre Béarn, Couleurs d'usine, Poésie 1951